Sur la Route

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septembre 2010 au festival des Corespondances de Manosque
Lecture musicale
Avec : Avec Jacques Bonnaffé & Theo Hakola
Sur la Route : Jack Kerouac
Dates :
Aucune date prévue pour le moment.
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Paru en 1957, Sur la route de Jack Kerouac est considéré comme le manifeste de la «Beat generation» et l’un des textes les plus marquants de la littérature moderne. C’est Jacques Bonnaffé qui prête sa voix – et son tempérament – à ce génie de la littérature, accompagné à la guitare par l’américain Théo Hakola.

Il n’a pas mangé depuis plusieurs jours et réussit à se faire prendre en stop par un échalas qui prône les vertus du jeûne. «Cette vie est jalonnée d’ironies du sort», s’amuse-t-il quand même, le ventre et la bourse vides. Illico, Jacques Bonnaffé se glisse dans la peau de Jack Kerouac. Le rythme se veut haletant, pulsant, pour produire une impression de défilement, de fil ininterrompu, par un mécanicien qui sait faire tourner son moteur. Jeudi, la grande salle du théâtre Jean le Bleu, à Manosque (Alpes-de-Haute-Provence), est bondée, comme chaque soir, pour les lectures-spectacles du festival des Correspondances. A côté de Jacques-Jack, en accompagnement, le musicien américain Theo Hakola passe du piano à la basse et au chant. Bonnaffé tient la cadence, virevolte du roman à une lettre, brille dans l’exubérance. Deux mois, explique le comédien le lendemain matin, qu’il a commencé à collecter des textes de et sur Kerouac. Depuis dix jours, le hipster américain l’obsède. Il y a là dans les «couper-coller» de ce lecteur invétéré des extraits du rouleau de Sur la route, l’édition complète de ce ruban de papier de 40 mètres de long qu’écrivit Kerouac en trois semaines, en avril 1951 (1), des morceaux de sa poésie et des lettres à Neal Cassady dans lesquelles, selon Bonnaffé, il «règle l’histoire de sa vie» comme la mort de son frère aîné, Gérard. La lecture devant le public se veut en correspondances, au «sens baudelairien», précise Bonnaffé, entre les morceaux d’une œuvre que la manipulation des feuillets concrétise sur scène, et les ruptures de rythme et de ton. Son «tribute to» peut toucher tout le monde : «On a tous eu 20 ans et acheté Kerouac alors qu’on n’a plus rien à voir avec les grosses Cadillac et cette déglingue-là.»

CE N’EST PAS UN ROMAN C’EST UN FILM !
ce n’est pas un film… c’est un rouleau !
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Le cinéma c’est d'abord l’image, ne racontez pas d’histoires ! La littérature ? Elle arrive au second-plan, la littérature ! Un grand roman ne fait pas toujours un bon film, vous le savez, alors que des romans mineurs peuvent faire des chefs-d’oeuvre ! À cela, il existe une exception absolue. Un livre qui en lui-même est défilement d’images, long ruban hypnotique, film même avant d’avoir été adapté ou tourné, c’est « Sur la Route » de Jack Kerouac, qui pourrait faire penser à une phrase interminable, caméra subjective qui viendrait saisir le fil d’une vie errante à travers les États-Unis. Jack Kerouac, depuis sa machine à écrire, l’a réalisé sur un long rouleau de papier de 36,50 mètres, emblème de sa liberté et des provocations qu’il aimait lancer à ce grand pays passablement demeuré (plus encore aujourd’hui), dépositaire pourtant de la conquête de l’Ouest !

« Sur la route » multiplement traduit, livre universel et mythe américain au même titre qu’Hollywood, ce rouleau nous écrase. Impossible d’en faire un abrégé. Notre volonté pioche et le montage devient un concert-parlé. Il tire sa gravité naturelle ou sa force mystique des correspondances ajoutées et des poésies de Kerouac. Et surtout de la composition musicale de Théo Hakola, de ses chansons écrites pour l’occasion. Si l’on pouvait faire spectacle de l’écriture alors cette direction serait notre route.

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EXTRAIT début du montage pour la scène.

….. pas les grands espaces de l’Arizona, mais les broussailles sauvages de l’est de la Pennsylvannie, du Maryland et de la Virginie, les routes goudronnées qui serpentent parmi des fleuves funèbres comme le Susquehanna, la Monongahela, l’antique Potomac et le Monocacy. Cette expérience m’a totalement déglingué. La nuit passée à Harrisburg m’a donné une idée des tourments des damnés, pas connu pire depuis. Il m’a fallu dormir sur un banc dans la gare. A l’aube, les receveurs m’ont jeté dehors. Car, n’est-ce pas, on entre dans la vie, mignon bambin confiant sous le toit de son père. Puis vient le jour des révélations de l’Apocalypse, où l’on comprend qu’on est maudit, et misérable, et pauvre et aveugle, et nu ; et alors fantôme funeste et dolent, il ne reste qu’à traverser le cauchemar de cette vie en claquant des dents. Je suis sorti chancelant, égaré. Je ne savais plus ce que je faisais. Je ne voyais du matin qu’une blancheur, une blancheur de linceul. Je mourais littéralement de faim. Pour trouver ces calories, il ne me restait que quelques dernières pastilles contre la toux, achetées à Preston, dans le Nebraska, des mois auparavant ; je les ai sucées, à cause du sucre. Je ne savais pas faire la manche. Les jambes flageolantes, à bout de forces, j’ai eu bien du mal à me traîner aux limites de la ville. Je savais que je me ferais arrêter si je passais une nuit de plus sur place..